TER en Hauts-de-France : mieux répondre aux attentes des usagers et aux enjeux environnementaux
L’UFC-Que Choisir Hauts-de-France publie aujourd’hui une nouvelle étude pointant le déficit de fiabilité des TER dans notre région. Regrettant la persistance de cette situation, l’Association appelle les élus régionaux à enfin agir en renforçant les incitations à la qualité de service et en accentuant l’indemnisation des consommateurs victimes de retards récurrents.
Les transports, enjeu majeur de la transition vers une mobilité durable
Dans notre région, la voiture est prépondérante dans les déplacements quotidiens puisqu’elle assure 79 % des déplacements domicile-travail. Les transports en commun sont quant à eux utilisés dans 8,9 % des cas et le vélo 1,9 %. Les enjeux environnementaux, mais également de pouvoir d’achat, imposent plus que jamais que tout soit mis en œuvre pour réduire le recours au véhicule individuel. A cet égard, le TER constitue une solution de transport majeure, alors que près de 67 % des usagers résident à moins de 10 minutes de temps de trajet routier d’une gare TER. Le Conseil régional a la charge d’organiser les services de transports ferroviaires régionaux et a donc une responsabilité centrale dans la qualité de l’offre proposée.
Plus de 20 % des trains régionaux ne répondent pas aux exigences de qualité attendues
Malgré de très importants investissements réalisés depuis le début des années 2000, la qualité de service des TER de notre région est encore très loin des attentes des citoyens. En effet, l’analyse des chiffres de l’Autorité de régulation des transports effectuée par l’UFC-Que Choisir met en évidence qu’en 2023, 8,5 % des TER prévus dans notre région n’ont pas pris le départ et, parmi ceux qui ont roulé, 13 % sont arrivés à destination avec au moins 5 minutes de retard. Au global, ce sont donc 20,7 % des TER qui ne répondent pas aux exigences de qualité attendues par les usagers dans notre région. Ainsi, un usager utilisant quotidiennement le TER subit en moyenne plus de deux annulations ou retards par semaine.
Taux de retard et d’annulation cumulés des lignes de la région Hauts-de-France en 2023 Source : UFC-Que Choisir, d’après Le Parisien
Alors qu’on pourrait s’attendre à ce que l’exploitant ferroviaire soit incité par le Conseil régional à la fiabilisation des TER en étant pénalisé en cas de dysfonctionnements du service, force est de constater que ce n’est pas le cas. En effet, la région Hauts-de-France prévoit une pénalité liée à la qualité de service particulièrement faible, inférieure à 1 % de la subvention reçue chaque année par la SNCF.
Les chiffres officiels ne traduisent pas la situation réelle des usagers
Si au cours des dernières années la transparence sur la qualité de l’offre de TER s’est améliorée, les données se montrent néanmoins encore largement incomplètes. En effet, la SNCF publie les taux de retard et d’annulation mensuellement par région, mais ne rend pas public le nombre de déprogrammations. De plus, ces indicateurs ne sont actuellement disponibles qu’à l’échelle de la région et non pas de la ligne, ce qui cache de grandes disparités. Par exemple, dans notre région, la ligne Paris<>Beauvais, montre un taux de retard et d’annulation cumulé de 1 %, quand il s’élève à 18 % pour la ligne Paris<>Laon. Enfin, les chiffres de retard moyennés actuellement publiés ne permettent pas de rendre compte des difficultés spécifiquement rencontrées par les usagers en heure de pointe, c’est-à-dire à des moments où des annulations ou retards engendrent des conséquences particulièrement préjudiciables.
A défaut de pouvoir être chiffrées, ces conséquences sont illustrées par les témoignages d’usagers (*) reçus cette année par l’UFC-Que Choisir concernant notre région, qui relèvent des rames bondées et à la capacité insuffisante en heures de pointe, des impacts professionnels et familiaux majeurs liés à la récurrence des retards ou encore la nécessité de conserver un véhicule individuel pour pallier les carences du service.
« Le pire, ce ne sont pas les retards, mais les trains, ou plutôt les « bétaillères » qui circulent, sans place pour s’asseoir, bruyants et obsolètes. Et lorsque la SNCF décide, sans raison, de diminuer de moitié la taille d’un train pendant les heures de pointe. »
Usager du Bailleul-Lille
« Le train est souvent en retard ou annulé. Ce qui m’oblige à anticiper le plus souvent afin d’éviter d’être en retard pour le travail. Donc je me lève très tôt le matin et j’arrive très tôt au bureau ce qui me fait des journées de 11/12h au bureau, je suis arrivé fin décembre à un épuisement professionnel et personnel. […] » Usager du Arras-Lille
Dans ces conditions, il est parfaitement incompréhensible de constater qu’à défaut de proposer un service de qualité aux usagers, notre région ne prévoit qu’une indemnisation de 20 % en cas de trafic perturbé, quand d’autres régions prévoient un dédommagement des abonnés pouvant atteindre 40 % du prix de l’abonnement.
Soucieuse de faire du TER un des pivots d’une mobilité durable en tant que solution crédible, sobre et économique pour les utilisateurs quotidiens, l’UFC-Que Choisir Hauts-de-France appelle les pouvoirs publics à :
- Imposer une transparence totale sur les données de fiabilité des TER, à travers la publication de l’ensemble des indicateurs de qualité à l’échelle des lignes
- Harmoniser et renforcer les bonus/malus relatifs à la qualité de service définis par les contrats régionaux
- Imposer le principe d’une indemnisation systématique des usagers en cas de retards récurrents et harmoniser les conditions d’indemnisation entre les régions en se basant sur les propositions les mieux-disantes
Jean-Christophe LAMPE – Président de l’Union Régionale Hauts-de-France
plus en détail nos propositions et constats sur la qualité de service des trains régionaux.
Le journal RTL du 10/9/2024 – 7 h
(*) En février 2024, nous avions lancé un appel à témoignage, pour nourrir, de vos expériences, l’étude menée .
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