UFC-QUE CHOISIR, RÉGION DE DUNKERQUE

J’ai testé la téléconsultation

L’objet de cette nouvelle rubrique « Témoignages » est de partager quelques situations rencontrées.
Peut-être que ces récits, vous surprendront, vous apprendront des choses ou feront écho à des situations que vous avez vécues…
 

Depuis 2 jours, je tousse, je suis fatiguée, je ressens des crépitements dans la gorge. La fièvre vient de tomber, mais, depuis ce matin, je constate des traces de sang dans les glaires je me décide à consulter.

Je n’ai plus de médecin traitant.

Je me tourne donc vers SOS médecin. Mais pas de chance, ils sont injoignables (le premier numéro de téléphone me renvoie vers un second. Je tente de les joindre, mais 3 appels infructueux et message « service saturé »).

Je pense alors au site SOS médecin pour prendre rendez-vous en ligne. Mais ce n’est pas simple, il faut s’inscrire (cela prend un certain temps). Une fois inscrite, j’apprends que « le service n’est pas disponible » il est précisé « qu’aucune visite n’est faite à domicile ».

Qu’à cela ne tienne, je me rends sur place à Saint-Pol-sur-mer. La chance n’est décidément pas de mon côté : je trouve Porte close !

 

Je décide donc de prendre rendez vous sur Doctolib pour une téléconsultation en ligne. 2 pharmacies offrent le service avec beaucoup de disponibilités horaires.

J’arrive un peu avant le RV de 15 h. La pharmacienne m’accueille et m’accompagne dans l’arrière boutique (pas de local dédié, réfrigérateur bruyant proche). Elle insère la carte vitale et nettoie la console avec une lingette.

Je procède à mon inscrTele consultationiption sur le site M…… avec renseignements habituels concernant l’identité et widgets pour les raisons de la consultation (J’ai indiqué toux). Puis je dois saisir les coordonnées de ma carte bancaire et accepter les Conditions Générales du site dont je n’ai pas pu prendre connaissance ! Heureusement que je maîtrise internet !

La pharmacienne demande si ça va mais sert ses clients en même temps. Une dizaine de minutes d’attente…

Sur la console, divers instruments mis à ma disposition. Je reconnais un tensiomètre, un oxymètre, un thermomètre. Je demande à la pharmacienne ce que sont les autres: un appareil pour regarder la gorge (la pharmacienne me montre comment il marche), un pour les oreilles, un stéthoscope (la pharmacienne me dit que les médecins ne s’en servent pas car il s’utilise dans le dos).

15 h 12 : message sur le portable : « téléconsultation en cours. Connectez-vous vite sur la borne ou cabine.
Mettez le casque pour parler avec le médecin ».

Je mets le casque. L’image apparait : je ne vois pas le visage du médecin que ses yeux! très désagréable.

J’indique mes symptômes et lui explique que je ne sais pas si c’est simplement une irritation ou si je dois m’en inquiéter.

Les instruments ne sont pas utilisés. Le médecin ne cherche pas à savoir si la toux est sèche ou grasse, il me demande juste mon poids.
Il délivre une prescription (antibiotiques, cortisone, expectorant et doliprane). Aucune information médicale n’est donnée, pas d’explication sur la différence entre une affection virale ou bactérienne. La possibilité d’examens complémentaires, radiographie ou prise de sang, n’est pas évoquée.

15 h 15 : message sur mon portable « votre téléconsultation est maintenant terminée. Accédez à vos documents médicaux depuis la borne ou votre espace personnel M…… Bon rétablissement ! »

15 h 25 : je sors de la pharmacie, médicaments en main, la consultation aura duré 3 minutes.

Un mail m’a été adressé dès la fin de la consultation (15 h 15) : « vous venez de réaliser une téléconsultation avec M…… et nous espérons qu’elle s’est bien déroulée. Avez-vous été satisfait(e) de la consultation ? ».

Vous vous doutez peut-être de l’émoticône choisie ?…. J’ai cliqué sur la « rouge ».

J’ai fait part de mon mécontentement, jugeant la prise en charge médicale inadaptée et expéditive. J’ai indiqué qu’il était désagréable de ne voir que la moitié du visage du médecin, que je ne demandais pas de médicament, sachant qu’une bronchite est généralement virale, mais que je m’inquiétais des traces de sang.

En retour : un mail d’excuses et de remerciements pour la remontée d’informations.

J’ai supprimé les références de ma carte bleue du site M……

Voilà une expérience bien déconcertante !

 

 

16 novembre 2022

Quel accès aux soins pour les habitants du Dunkerquois ?

L’étude de Que Choisir, sur l’accès géographique et financier aux soins en France, pointe les difficultés d’accès aux généralistes et surtout aux spécialistes. Les résultats sont disponibles commune par commune.

 

Une étude complète et méthodique

Son analyse détermine pour chaque commune de la France métropolitaine l’accès à quatre catégories de médecins en accès direct :

  • Généralistes,
  • ophtalmologues,
  • gynécologues
  • et pédiatres

en combinant à la fois :

  • L’éloignement géographique des médecins,
  • et les tarifs pratiqués (Sécurité sociale ou avec dépassements d’honoraires)

En choisissant de prendre en compte les tarifs pratiqués, l’UFC intègre un critère central pour les usagers. En effet, le frein financier est la première explication du renoncement aux soins des patients.

Ce critère est particulièrement important pour les usagers dont les complémentaires santé ne prennent pas ou peu en charge les dépassements d’honoraires. Or, cette pratique est trop largement répandue parmi les spécialistes.

 

Une carte interactive pour vérifier l’accès aux soins à partir de sa commune

Cette carte permet également aux utilisateurs d’interpeller leurs parlementaires. Objectif ? qu’ils œuvrent à la mise en place de mesures concrètes et ambitieuses afin de rendre effectif le principe de l’égal accès aux soins sur tout le territoire.

 

Dunkerquois - Accès aux médecins généralistes pratiquant des tarifs au dépassement contenu Dunkerquois - Accès aux Gynécologues pratiquant des tarifs au dépassement contenu  Dunkerquois - Accès aux Ophtalmologues pratiquant des tarifs au dépassement contenu  Dunkerquois - Accès aux Pédiatres pratiquant des tarifs au dépassement contenu

 

L’accès à la médecine de ville est particulièrement compliqué pour les spécialistes.

En prenant en compte l’offre médicale accessible à moins de 45 minutes de route, notre analyse montre que

  • 22,6 % des enfants du département vivent dans un désert médical pour l’accès à un pédiatre.
  • 7,9 % des femmes résidant dans le Nord vivent dans un désert médical pour l’accès à un gynécologue
  • 8,5 % des Nordistes sont également confrontés aux pires difficultés pour accéder à un ophtalmologue.

Si les déserts médicaux sont moins importants pour les généralistes, la situation n’en reste pas moins préoccupante puisque même en dehors des stricts déserts géographiques médicaux, les usagers peuvent être confrontés à des difficultés d’accès.

En effet, au total 6,5 % des habitants du département sont bien moins lotis que la moyenne nationale pour accéder à moins de 30 minutes de route à ce maillon essentiel du parcours de soins.

 

Les difficultés d’accès sont en nette progression quand on considère le critère économique.

En ne prenant en compte que les médecins pratiquant le tarif de base de la sécurité sociale, ce sont en réalité respectivement 72,3 % des enfants, 73,9 % des femmes et 70,3 % des personnes vivant dans notre département qui subissent un désert médical.

 

L’UFC Que Choisir veut alerter et mobiliser sur la fracture sanitaire

L’UFC-Que Choisir, dans toutes ses composantes (fédération et associations locales), saisit aujourd’hui les Législateurs pour :

  • Instaurer un conventionnement territorial des médecins, ne leur permettant plus de s’installer en zones surdotées, à l’exception du secteur 1 (tarif de la sécurité sociale) quand la situation l’exige (remplacement d’un médecin partant à la retraite ou zone très largement sous-dotée en médecins en secteur 1) ;
  • Fermer l’accès au secteur 2 (à honoraires libres) à l’origine du développement incontrôlé des dépassements d’honoraires. Les nouveaux médecins ne devraient avoir le choix qu’entre un secteur 1 aux honoraires sans dépassements et l’Option de pratique tarifaire maîtrisée (OPTAM), qui encadre les dépassements d’honoraires ;

 

À noter : Lorsqu’elle est possible, la téléconsultation est uniquement adaptée à des consultations sans auscultations, et ne constitue donc en aucun cas une réponse à l’absence physique de spécialistes (Lire à ce propos « J’ai testé la téléconsultation » dans notre rubrique « Témoignages »)

 

 

16 novembre 2022