UFC-QUE CHOISIR, RÉGION DE DUNKERQUE

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‘’La goutte de trop ’’ : Les consommateurs du Nord refusent de payer seuls la note de la dépollution de l’eau du robinet !

L’UFC-Que Choisir publie la 5e version de la carte interactive[1] de la qualité de l’eau. Elle révèle des proportions significatives de pollutions en pesticides dans l’eau du robinet pour le Nord.

L’Association Locale de Dunkerque réclame une véritable protection des sources du département.

Elle demande en outre la mise en œuvre du principe pollueur payeur par un relèvement de la taxe sur les pesticides agricoles afin d’aider les petites communes à financer des actions de prévention et les traitements de dépollution qui vont considérablement augmenter la facture d’eau dans les prochaines années.

Peu d’évolution favorable pour la qualité des « eaux brutes »

18 ans après le lancement d’Ecophyto qui prétendait diviser par deux l’utilisation de pesticides, plus de 30 ans après ‘Fertimieux’ qui promettait une utilisation raisonnée des engrais, l’agriculture industrielle du Nord n’a aucunement changé ces pratiques et continue à polluer massivement les nappes phréatiques et les fleuves. Désormais …

  • Plus de 80 % des cours d’eau du département ont un Indice de Pression Toxique Cumulé[2] (IPTC) en pesticides supérieur à 1, traduisant un niveau de toxicité élevé.
  • Presque la totalité du département est classé en zone vulnérable au regard des nitrates[3].

C’est dans ce contexte préoccupant que l’UFC-Que Choisir de Dunkerque et sa région, s’appuyant sur la carte interactive réactualisée, publie son analyse de la qualité de l’eau du robinet du département.

Pollutions agricoles : 63,9 % des réseaux d’eau potable pollués dans le Nord

En 2025, 63,9 % des réseau du département dépassent la valeur réglementaire en pesticides, notamment du fait de la présence de chloridazone desphényl, chloridazone méthyl desphényl.

Alors que dans les précédentes enquêtes les valeurs réglementaires en pesticides n’étaient dépassées que dans les petites communes rurales, désormais des villes sont également touchées comme à Dunkerque, Grande Synthe ou Coudekerque Branche.

L’eau distribuée présente des dépassements des valeurs réglementaires en pesticides (Seulement 2 des 11 prélèvements réalisés en 2024 se sont avérés conformes). Les valeurs relevées (0,411 microgramme/L pour le chloridazone desphényl) sont toutefois inférieures aux valeurs définies pour limiter les usages (Le maximum réglementaire est 0,5 microgramme/L pour le total des pesticides analysés)[4].

Aussi, pour ces communes, si l’eau peut continuer à être bue pour la plupart des consommateurs (compte tenu de la marge importante existant entre la limite réglementaire protectrice définie par la réglementation européenne et les valeurs sanitaires beaucoup plus élevées), par précaution, il est recommandé de ne pas consommer une eau contenant plus de 4 microgramme/L de perchlorates pour les nourrissons de moins de 6 mois (comme indiqué dans les conclusions sanitaires de la fiche info facture)4

Une augmentation inévitable des coûts de dépollution dans les prochaines années

Les services de l’État estimaient les coûts de la dépollution en pesticides et en nitrates à plus d’un milliard d’euros par an en France, intégralement payés par les consommateurs. Mais au vu de ces contaminations, il est clair que ces estimations vont être largement dépassées à l’avenir car les techniques classiques de filtration atteignent leurs limites face aux nouveaux polluants. Les nouvelles technologies membranaires plus efficaces sont également beaucoup plus chères : jusqu’à quatre fois plus pour des petites collectivités ! D’ailleurs, les conséquences pèsent déjà sur la facture d’eau : en deux ans et demi, le prix moyen au niveau national a déjà augmenté de 16 %. Pour les communes desservies par le réseau de Dunkerque, l’augmentation est également constatée mais dans des proportions moindres (+ 8 % sur 2 ans) selon les informations relevées sur le Site « Eau du Robinet »4

Les sources d’eau potable sans protection face aux pollutions

Trop peu de captages dans notre département bénéficient de délimitations d’aires d’alimentation, zones sur lesquelles les agriculteurs sont censés limiter l’usage de pesticides et d’engrais. Pire, seulement 1 % des exploitations agricoles sont contrôlées chaque année en France pour vérifier le respect des critères minimaux en matière d’environnement ! Pourtant des solutions existent ailleurs, comme à Lons-le Saunier où seule l’agriculture biologique est autorisée dans la zone la plus sensible du captage. Les mesures d’accompagnement pour passer en bio et les indemnisations versées aux agriculteurs conventionnels ayant limité l’usage des pesticides et des engrais de synthèse, sont largement compensées par les gains pour les consommateurs, puisque le coût de ces mesures revient seulement à 3 centimes d’euros par m3 d’eau distribuée[5].

Refusant que les consommateurs du Nord continuent à être les seuls à payer le traitement des pollutions qu’ils subissent, l’UFC-Que Choisir de Dunkerque et sa région part en campagne et demande :  

  • Que le Préfet de notre département impose des mesures obligatoires de protection des captages ;
  • Que la taxe sur les pesticides agricoles soit augmentée pour aider les petites communes à faire face aux coûts croissants de la dépollution.

 

 

                      

 

 

[1] Les données présentées sur cette carte traduisent la fréquence de dépassement des valeurs réglementaire pour la cinquantaine de critères officiels contrôlés dans le cadre du suivi sanitaire officiel permanent pour le compte des Agences Régionales de Santé. Le plan de contrôle officiel français ne prévoyant pas de rechercher les PFAS (polluants éternels) avant janvier 2026, les résultats de notre carte interactive ne donnent pas d’information sur la présence et les dépassements éventuels sur ces molécules. D’autres substances problématiques non prises en compte par la réglementation européenne et pouvant être recherchées dans le cadre de contrôles plus spécifiques répondant à des problématiques ponctuelles ou locales (comme les perchlorates par exemple), ne figurent pas non plus dans cette carte interactive. Les résultats de ces analyses complémentaires peuvent être trouvés en mairie, sur les sites des Agences Régionales de Santé ou sur le site du Ministère de la Santé.

[2] L’indice des pressions toxiques cumulées (IPTC) est un indice définit par les services de l’État permettant d’estimer les risques de toxicité des pesticides. Lorsque cet indice dépasse 1, on considère alors que le niveau de risque devient inacceptable du fait des effets néfastes potentiels sur l’environnement. Source : état de l’environnement en France Rapport 2024 – Ministère de la transition Écologique – Mars 2025

[3] Source : Bassin Artois Picardie – Extrait : ‘’L’arrêté du 13 juillet signé par le Préfet coordonnateur de bassin, publié au recueil des actes des actes administratifs le 29 juillet 2021 désigne l’intégralité des communes du territoire du bassin Artois-Picardie en zones vulnérables aux pollutions par les nitrates d’origine agricole’’. – Référence :    https://draaf.hauts-de-france.agriculture.gouv.fr/zones-vulnerables-sur-le-bassin-artois-picardie-a3292.html

[4] Extrait fiche INFOFACTURE-059000677-2024.pdf Site Eau du Robinet : Découvrez la Qualité de Votre Eau Potable 2025

[5] ‘Les risques liés à la présence de pesticides dans l’eau destinée à la consommation humaine’ – Rapport Igas-IGEDD-CGAAER – Novembre 2024