Aggravation de l’accès aux soins : L’UFC-Que Choisir attaque l’État pour inaction
L’UFC-Que Choisir a lancé, mardi matin, sa campagne sur la fracture sanitaire. Elle dépose un recours contre l’État pour inaction auprès du Conseil d’État.
L’UFC-Que Choisir rend publics les chiffres de la désertification médicale qui frappe notre département, révélée par l’actualisation de la carte de la fracture sanitaire. Face à l’inaction coupable du gouvernement, notre fédération l’attaque aujourd’hui devant le Conseil d’État. L’UFC-Que Choisir de Dunkerque soutient cette démarche et invite les habitants de notre département à la soutenir en signant et à partageant massivement la pétition « Accès soins – J’accuse l’État » dans le cadre de la campagne #MaSanteNattendPlus.
L’ accès territorial aux soins dans notre département.
L’accès géographique à la médecine de ville est parfois dégradé dans le Nord. Notre analyse montre en effet que 8,1% des habitants du département résident dans un désert médical[1] pour l’ophtalmologie, et que 9,1 % des femmes et 25,4 % des enfants qui y habitent sont respectivement dans un désert médical gynécologique et pédiatrique.
Bien que les déserts médicaux soient moins répandus pour les généralistes, la situation reste tout de même préoccupante pour 6,3 % (163 300) des usagers du département qui ont d’importantes difficultés[2] pour accéder à ce pilier du parcours de soins.
Avec la dimension économique, les déserts médicaux s’étendent dramatiquement
En combinant la dimension géographique et financière de l’accès aux soins, c’est-à-dire en prenant en compte l’accès à des médecins ne pratiquant pas de dépassements d’honoraires, la situation se détériore très fortement en ce qui concerne l’accès aux spécialistes. Les déserts médicaux se retrouvent alors aussi bien dans les zones urbaines que les zones rurales de notre département.
Dans le Nord, ce sont ainsi 72 % des femmes qui résident dans un désert médical pour les gynécologues, 81,8 % des enfants qui sont dans un désert médical pour les pédiatres, et 46,8 % des personnes qui vivent dans une commune ou trouver un ophtalmologue respectant le tarif de la sécurité sociale relève de la gageure.
Obtenir un rendez-vous médical est souvent impossible
Pour illustrer les conséquences concrètes des difficultés d’accès aux soins, les bénévoles des associations locales de l’UFC-Que Choisir, dont ceux des associations locales des Hauts de France, ont contacté anonymement 2 642 médecins généralistes présents dans 70 départements pour savoir s’ils acceptaient de les suivre en tant que médecin traitant.
Alors qu’au niveau du pays dans 51,5 % des cas les médecins ont refusé la demande de nos bénévoles, à l’échelle de notre région ce pourcentage se monte à 62 %, un chiffre en hausse par rapport à une enquête identique que nous avions réalisée il y a 4 ans (59 %). En ce qui concerne spécifiquement notre département, 54 % des généralistes contactés nous ont indiqué qu’ils ne prenaient plus de patient.
Également, 761 ophtalmologues présents dans 65 départements ont été contactés afin de leur demander s’il était possible d’obtenir un rendez-vous pour une visite de contrôle, en tant que nouveau patient. Dans 34 % des cas, les professionnels interrogés dans notre région ont refusé de planifier un rendez-vous (contre 28 % à l’échelle nationale).
Quant aux délais d’attente constatés quand il est possible d’avoir un rendez-vous, ils sont extrêmement importants : dans notre région dans 57 % des cas il faut attendre entre 1 et 3 mois, et dans 21 % des cas les délais sont supérieurs à 3 mois.
Avec la campagne #MaSanteNattendPlus, notre association mobilise les consommateurs nordistes
Devant l’urgence à mettre fin aux inégalités territoriales sur l’accès aux soins et refusant d’assister plus longtemps à l’immobilisme du gouvernement qui refuse de prendre les mesures courageuses de nature à résorber la fracture sanitaire (régulation de l’installation des médecins et fin des dépassements d’honoraires incontrôlés), la fédération UFC-Que Choisir dépose ce jour un recours devant le Conseil d’État pour que la plus haute autorité administrative du pays constate et sanctionne l’inaction du gouvernement, mais également qu’elle l’enjoigne à prendre sans délai les mesures courageuses permettant de résorber la fracture sanitaire.
L’UFC-Que Choisir Lille Métropole soutient ce recours et appelle l’ensemble des habitants du Nord à en faire autant en signant et partageant massivement la pétition nationale « Accès soins – J’accuse l’État ».
Nous invitons également les habitants du département à consulter la carte interactive gratuite sur l’état de l’accès aux soins dans leurs communes.
[1] 62 Un désert médical est caractérisé ici par une accessibilité médicale au moins 60 % inférieure à la moyenne nationale.
[2] Un accès difficile est caractérisé ici par une accessibilité médicale au moins 30 % inférieure à la moyenne nationale.